Problématique

Chaque année au Canada, plus de 145 000 enfants de 0 à 17 ans sont victimes de maltraitance ou à risque élevé d’en être victimes. Ce chiffre exclut par ailleurs tous les jeunes qui sont la cible de comportements parentaux coercitifs non rapportés aux autorités. Les coûts directs et indirects de la maltraitance se chiffrent en milliards de dollars annuellement. Ce fardeau économique considérable s’apparente à celui imposé par des problèmes de santé répandus, comme les maladies cardiovasculaires ou le diabète.

Mais au-delà de l’argument économique, prévenir la maltraitance est avant tout une nécessité humanitaire, porteuse d’une plus grande justice sociale. De fait, les enfants qui sont la cible de comportements parentaux violents, abusifs ou négligents sont susceptibles de vivre à court, moyen et long terme une grande variété de problèmes d’adaptation et d’insertion à la société, ce qui prélève un lourd tribut sur notre capital humain et social.

Toute initiative sérieuse de prévention de la maltraitance doit être ancrée dans une connaissance solide des conditions, ou « déterminants », qui rehaussent ou qui réduisent la probabilité de voir apparaître le problème. Prévenir la maltraitance est une tâche complexe car il s’agit d’une problématique multi-déterminée par des conditions qui se rapportent à la fois aux individus et à leurs environnements : les vulnérabilités des parents et de l’enfant, les perturbations des relations familiales et conjugales, la compétence parentale, les conditions de vie des familles et les influences socioculturelles jouent tous un rôle dans l’éclosion de comportements maltraitants.

La recherche récente sur le sujet nous enseigne deux choses :

  • Le comportement des membres de la famille et les processus relationnels qui ont cours entre eux ont davantage de poids que la pauvreté économique ou les caractéristiques du voisinage pour expliquer l’apparition de la maltraitance. Les effets délétères de la pauvreté et de l’environnement sont bien réels, mais ils s’exerceraient surtout par l’entremise de ces processus relationnels.
  • Le « cumul de risques » s’avère un meilleur prédicteur de maltraitance que n’importe quel facteur de risque pris isolément, quelle qu’en soit la nature. Si les problèmes de santé mentale et de consommation des parents, de même que les conflits conjugaux intenses et la violence conjugale, sont couramment associés à la maltraitance au sein des familles, c’est sans doute que ces problèmes sont de bons marqueurs d’un cumul de risques biopsychosociaux.

Il est donc clair qu’en matière de prévention de la maltraitance, certaines familles affichent de plus grands besoins que d’autres. C’est pourquoi notre partenariat mise sur une stratégie de soutien à la parentalité « en gradins », c’est-à-dire ajustée au niveau de risque présenté par les familles en contexte de vulnérabilité sociocommunautaire.